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LE CANOT DES SIX CAPITAINES.

Considérant au surplus que huit jours suffisaient à un peintre, même de talent médiocre, pour constater la quantité d’azur que peut tenir en suspension la susdite mer ;

Sommons ledit Fabien de se présenter dans les 24 heures au mouillage du Singe-Rouge, à défaut de quoi ils se verraient obligés de sévir, conformément aux lois et règlements librement consentis par lui et jurés entre les pattes dudit Singe.

Ont signé :

miravail, trébaste.

Et plus bas :

l’amirale brin-de-bouleau.

— Des pirates ! je m’en étais toujours douté…

Aussi indigéré de romans maritimes que pouvait l’être Brin de-Bouleau, Saint-Aygous prit comme elle très au sérieux la mauvaise plaisanterie imaginée par Miravail et Trébaste pour charmer leur exil à la calanque des fenouils.

Bien plus, espérant, grâce à son indiscrète découverte, perdre son rival à la fois dans l’esprit du père et dans le cœur de la fille, il communiqua à Lancelevée la pièce qui convainquait Fabien de piraterie, et s’arrangea pour laisser tomber adroitement la missive de Brin-de-Bouleau dans une petite anse où mademoiselle Cyprienne avait coutume de venir tous les jours avant dîner, chercher, du bout de son ombrelle, des brins de corail dans le sable.

— Mille sabords ! s’écria Lancelevée, d’un ton plus