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LE CANOT DES SIX CAPITAINES.


publications maritimes, lesquelles, pour peu que la mer fût gaie, arrivaient trempées d’eau de mer et maritimes d’autant plus, la bouée-poste en général ne recelait guère que quelques débris apportés par l’eau : éponge arrachée des côtes de Sicile ou d’Afrique et revêtue encore de son enveloppe gélatineuse, brin de corail venu de Corse, pierre ponce rejetée par le Vésuve ou le Stromboli, et parfois aussi un petit crabe demeuré prisonnier après s’être témérairement glissé par le rictus en tirelire de la boîte.

Un matin cependant, à la prime aube, Saint-Aygous, en train de promener ses amours rentrées et ses fureurs jalouses, vit une voile qui, sortant de la brume, rasait l’îlette, stopait un instant devant la bouée-poste, puis, continuant sa bordée, allait disparaître au large dans les reflets du soleil levant. Si rapide qu’eût été l’apparition, Saint-Aygous avait reconnu le Singe-Rouge.

La boîte ouverte, il trouva une lettre ; la lettre était cachetée de rouge, timbrée de rouge à l’effigie du Singe-Rouge, et portait l’adresse de Fabien. Pareil à un presse-papier en bronze japonais, un crabe dormait dessus ; Saint-Aygous captura le crabe, ce qui était son droit, mais il eut tort de violer la lettre.

« Mon cher Fabien, (disait cette lettre, d’ailleurs fort mal orthographiée), mon cher Fabien, c’est des bêtises