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la bouée-poste

A l’extrémité sud du continent américain se balance, dans l’agitation perpétuelle des flots, une bouée rendue célèbre par maint récit de voyage. Les navires y jettent leurs lettres en passant, d’autres navires les recueillent. C’est la bouée-poste du cap Horn, dépôt sacré, gardé inviolablement par la solitude et la tempête.

Lancelevée, ayant lu quelque part cette histoire de bouée-poste, voulut que le Bigorneau eût sa bouée-poste, lui aussi. Une courge vide, surmontée d’une boîte peinte en blanc, fit l’affaire. La courge et la boîte furent coulées sur ancre à quelques mètres en avant de l’îlette. Un câble amenait à terre l’appareil flottant ; et le facteur qui fait le service des villas du cap avait l’obligeance, quand besoin était, de tirer le câble et de déposer dans la boîte les paquets ou les lettres adressés au Bigorneau.

Saint-Aygous, dont c’était la charge, faisait régulièrement la levée. Mais, à part le samedi, jour des