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LA GUEUSE PARFUMÉE.


le crabe pelous ; un ciel bas, la lame blanchissant aux pointes ; et calmes, en silhouette sur l’horizon marin, les six capitaines réfléchissaient aux destins de cette terre par eux conquise.

En face, la même îlette, mais joyeuse sous un ciel joyeux ; l’îlette avec son port, son Bigorneau, telle que l’avait faite le génie des six capitaines. Les six capitaines se félicitaient. Dans le lointain apparaissait Antibes, Antibes dont le Bigorneau n’est que la miniature et qui, par une flatterie de la perspective, semblait lui-même être la miniature du Bigorneau.

Dans les troisième et quatrième panneaux furent représentées à l’avance, mais on ne risquait rien à cela, les futures prouesses de la Castagnore : En mer, pavillon au vent, couverte d’écume et fendant les flots en fureur sous l’irrésistible impulsion des six capitaines, tandis que les gabians, de leurs ailes blanches, rasent l’eau, et que les navires voiliers effrayés rentrent au port, à sec de toile ; puis amarrée dans une calanque, le repos après la tempête ! avec quatre capitaines péchant, et deux autres, Barbe et Arluc, en train de préparer la bouillabaisse.

Restait la porte : Fabien l’entoura de poissons argentés et d’algues vertes. Mais au-dessus, dans le trumeau vide, qui peindre ? sinon la joie du lieu, la bien-aimée de tous, l’adorable mademoiselle Cyprienne.

Ce fut le plus charmant et le plus long aussi de