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LE CANOT DES SIX CAPITAINES.


tous jusqu’à nouvel ordre ; au Bigorneau, si près d’Antibes et plus près encore de la petite villa barbouillée d’ocre, où souriait parfois à une fenêtre du rez-de-chaussée, dans les pompons odorants des cassiers, l’aimable Cyprienne Lancelevée ! et, le cœur plein d’amour, il se mit à l’œuvre, mais d’une telle ardeur que ses pinceaux et sa palette durent en être fort étonnés.

Sur la paroi du fond, au milieu d’un encadrement fait de câbles enroulés, d’ancres, de rames, de tridents, de porte-voix et de longues-vues, il peignit en six médaillons les portraits des six capitaines :

Lancelevée, la main étendue dans l’altitude du commandement ;

Escragnol, appuyé sur une langouste ;

Varangod, souriant et doux ;

Arluc, agité de sa perpétuelle tempête ;

Barbe, perdu dans un rêve qui devait être peuplé d’oursins.

Tous regardant la mer et peints de face ; mais de trois quarts seulement l’aigre figure du peu sympathique Saint-Aygous.

A droite et à gauche, dans quatre panneaux, Fabien, d’un pinceau que l’amour guidait, brossa ce que nous appellerons l’épopée du Bigorneau et de la Castagnore.

D’abord l’îlette déserte et nue, des rochers tranchants, sans verdure, que hantent seuls le poulpe et