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LA GUEUSE PARFUMÉE.


drapés qu’elle portait par coquetterie de modèle), son corps tout entier semblait-il avoir embelli et fructifié aux dépens de sa tête, demeurée enfantinement petite dans une mousse de cheveux fous.

Mais on aimait ainsi Brin-de-Bouleau, et Brin-de-Bouleau s’aimait ainsi :

— Je suis bête !… Et puis après ? disait-elle.

Bien des lecteurs s’étonneront que Fabien ait pu si facilement oublier une aussi adorable personne. A cela, il faut répondre que Brin-de-Bouleau, nature affectueuse mais calme, ne prit jamais au tragique le fait très-simple d’être oubliée.

D’ailleurs notre héros est peintre ; et, pour les peintres, si le cadre est quelque chose en peinture, il est presque tout en amour. Fabien avait aimé Brin-de-Bouleau à Paris. A Paris, et même dans ces coquets environs de Paris où la musique du mirliton répond à la voix du rossignol, où toujours le parfum des feuilles et de l’eau se marie au parfum des fritures prochaines, Brin-de-Bouleau faisait bien. Mais à l’île Saint-Honorat, près de la mer, en pleins myrtes, vêtue comme on sait, et marchant toujours dans un nuage de cigarettes, Brin-de-Bouleau jurait horriblement.

De même pour mademoiselle Cyprienne : Fabien, en l’aimant, aimait surtout Antibes. Sans Antibes, peut-être n’eût-il pas aimé Cyprienne, et sans la féerique apparition de Cyprienne sur la porte du Bigor-