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IV

le bigorneau et la castagnore

Au plus fort de l’enthousiasme, deux coups retentirent : toc ! toc ! frappés d’une main légère.

— Entre, Cyprienne ! dit Lancelevée.

Soudain, dans la paroi de ce navire étrange, une porte se révéla et plusieurs rayons de soleil, qui se pressaient au dehors depuis la fin de la tempête, voulurent entrer tous à la fois. Ebloui d’abord par leur irruption tapageuse, Fabien, de son œil de peintre, distingua bientôt une terrasse plantée de fleurs, une courge montée en treille avec ses fruits pendants, semblables à d’énormes 8 ; et, dans ce cadre imprévu, sur le fond joyeux d’un ciel déjà pur et d’une mer encore doucement agitée, mademoiselle Cyprienne Lancelevée qui, tout en saluant, se reculait devant la fumée de bouillabaisse et de tabac que ce mal appris d’entre-pont soufflait à son charmant visage.

— Trois naufragés !… mademoiselle ma fille !…

Mais, voyant ses hôtes stupéfaits de plus en plus, le bon colonel ajouta