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IV

l’ame de mon cousin

Maudisse le collège qui voudra ! ce nom exécré ne me rappelle que longues courses dans les champs et souvenirs de haies fleuries. Ici, comme à l’école, le froid mortel des classes a glissé sur moi et ne m’a point pénétré, pareil à la goutte de pluie qui tombe et roule, sans le mouiller, sur le plumage lustré des hirondelles.

Quatre heures d’ennui par jour ! Qu’est-ce que cela quand on tient dans son pupitre d’écolier la clef d’or qui ouvre la porte des rêves ?… Quatre heures… Puis, nous nous en allions, non plus dans les sombres ruelles de la ville, mais à travers prés, à travers combes, jusqu’à ce qu’on s’arrêtât en quelque endroit bien à notre gré pour y traduire Horace et Virgile, couchés dans l’herbe.

Depuis ce temps, Horace et Virgile, et les impressions de mon enfance, et les choses de mon pays, tout se mêle et tout se confond. Vieux chênes verts que je prenais pour le hêtre large étendu des bergeries