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LA GUEUSE PARFUMÉE.

Pauvre vieux sacrificateur ! Des larmes luisaient dans son œil, et je le surpris portant au menton sa main crispée pour tirer une barbe rouge qui n’y était plus.

Nous nous quittâmes navrés, et sans boire.

Je redescendais la colline, et tandis que fuyaient devant mon bâton les cailloux du sentier, sonores et coupants comme des fragments de brique, tout à coup, songeant à cette fin misérable d’un dieu :

— Oui, Pan est mort, bien mort !… m’écriai-je.

A ce cri, un oiseau s’envola dans l’air silencieux, un coup de vent subit fit courber la cime des chênes, et, par-dessus le bruit des feuillages émus, une plainte harmonieuse et vague me répondit.

C’était le vieil ermite, prêtre inconscient d’un culte aboli qui, debout dans les rayons rouges du couchant, sur le roc de la plate-forme, nu-tête et ses oreilles pointues se détachant de son crâne ras, confiait à Pan ses tristesses en soufflant un air mélancolique dans sa grande flûte de hongreur