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LA GUEUSE PARFUMÉE.


regard de prêtre, passionné, tenace et froid, où se pouvait lire toute la haine que nourrit le clergé de campagne contre la tumultueuse et joyeuse bohème des frères libres de Saint-François.

Dix ans plus tard, une après-midi de ce mois, les hasards de la promenade m’ont conduit du côté de San-Pansi.

Quels changements j’y ai trouvés ! Murs recrépis, chapelle neuve, une cloche dans un clocher… Ce n’était plus l’ermitage d’autrefois, criblé de crevasses et de trous et tout verdi par les petites grappes des plantes grasses, où, d’après le dire des mauvaises langues, l’ermite, chaque matin, tapait de sa clef sur une tuile pour sonner la messe aux lézards.

— Terrible ! frère Terrible ! criai-je ; car, j’avais oublié de vous le dire, l’ermite s’appelait Terrible de son petit nom.

A ma voix. Terrible apparut ; mais rasé, sans poil, méconnaissable, avec cette allure particulièrement résignée qui caractérise les chiens tondus. Terrible portait chapeau luisant, roide soutane, et, que San-Pansi me pardonne ! je crois même qu’il ne sentait pas le vin.

Comme je m’affligeais de le voir ainsi, il me raconta une histoire lamentable :

Le vieux desservant était dans l’enfance, et un petit