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LA GUEUSE PARFUMÉE.


de la colique. Les preuves, d’ailleurs, ne manquent point…

— Voyons, monsieur, voyons ces preuves.

— N’insistons pas trop sur le vieil autel, il est pauvre, rongé du temps, et sans doute vous récuseriez son témoignage. Mais n’est-ce pas une preuve aussi que ce nom de Peyrimpi, pierre impie, qu’a la montagne dont San-Pansi n’est qu’un chaînon ? Et le nom ne fut-il pas excellemment donné par les premiers prêtres chrétiens à ce nid de païens incorrigibles ? Les inscriptions grecques trouvées à deux pas d’ici, faut-il que je vous les rappelle :

| herophile, grand prêtre de mercure et illustre fils d’hopile… | etc… Or, Pan était fils de Mercure, et souvent leur culte se confondait. Les preuves ? Mais elles sont partout : dans l’image de votre saint que, je vois portant la houlette, barbu et cornu, comme Moïse, direz-vous, et je dirai, moi, comme un satyre ; dans la date de votre fête, qui se trouve tomber précisément à l’époque des lupercales ; dans les grappes d’hyèble sanglant dont ces enfants là-bas se rougissent le visage comme faisaient les prêtres du dieu ; dans les maux que guérit San-Pansi avec sa pierre ; dans ces offrandes de miel et de laitage, conformes au plus pur rituel païen ; elles sont enfin, terminai-je en riant pour ne pas envenimer la querelle, elles sont éclatantes et visibles surtout dans la ligure de votre ermite, qui, par une harmonie singu-