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LA GUEUSE PARFUMÉE.


clésiastique assemblée. Car on est toujours un peu jaloux entre prêtres, et plus d’un, en son cœur, se réjouissait de l’embarras que le bon vieux curé, métropolitain de San-Pansi, laissait voir.

Dans la porte toute grande ouverte pour donner du jour au rez-de-chaussée sans fenêtre, un merveilleux paysage s’encadrait : à droite, à gauche, Jabron et Buech, avec leurs minces filets d’eau traçant sur leurs lits de cailloux blancs, larges d’une demi-lieue, une imperceptible ligne noire ; les Alpes au fond ; et plus près de nous, Lure couchée et sa grande croupe qui barrait le ciel.

— Regardez, disais-je, regardez là-haut, sur Lure, cette entaille à peine visible qui tranche l’arête de neige : c’est le pas des Portes. Par là passait la voie romaine, et par là, sans doute, avant les Romains et leurs larges routes pavées, lorsqu’il n’y avait qu’un étroit sentier, descendirent les premiers colons grecs apportant avec eux l’olivier et les dieux du pays de lumière.

Du pas des Portes, la route les dirigeait ici ; et quand, arrivés sur le monticule où nous sommes, ils virent autour d’eux le cirque que nous voyons, mais combien plus majestueux encore : immense, couvert de forêts, alors que ces montagnes aujourd’hui sans verdure faisaient de toutes parts jaillir les eaux vives de leurs sources, et que ces ravines arides, dont le soleil ronge la marne, résonnaient sous les chênes du