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LA MORT DE PAN.


il est vrai, sur aucun calendrier, mais, à défaut de titres écrits, il a pour lui la vénération de cinq vallées, une tradition séculaire et constante, et ce n’est pas le premier exemple d’un grand bienfaiteur, d’un saint de campagne, canonisé aux siècles de foi par la reconnaissance publique et justement vénéré encore, lorsque, à travers les révolutions et les âges, tout monument de son existence s’est perdu.

— Sans doute, monsieur le curé ; et pourtant ce ne serait pas non plus la première fois qu’un dieu de l’antiquité païenne, un de ces démons que le Christ vainqueur chassa des temples, serait parvenu sous un sacrilège déguisement à usurper un reste d’encens et de culte.

Ici le vieux prêtre ouvrit les yeux curieusement.

— Vous savez sans doute mieux que moi, monsieur le curé, que la vieille religion, reléguée loin des villes, conserva longtemps, dans les campagnes, au sein des vallons, sous l’ombre des bois, ses autels cachés et ses mystères.

— Passez !… passez !… murmura le curé ; mais où prétendez-vous en venir ?

— A constater ceci tout simplement : que votre San-Pansi n’est autre que Pan, que vos paroissiens sont des idolâtres, et que vous vous trouvez — sans le savoir, j’aime à le croire — grand prêtre du dernier des faux dieux.

— Bravo ! bravo ? monsieur le savant, s’écria l’ec-