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LA GUEUSE PARFUMÉE.

J’avais huit ans alors ; et plus tard, en mes heures d’adolescence, quand le professeur à propos d’Horace nous parlait de Pan ou de Faune, des satyres amis des montagnes ou des sylvains qui peuplent les bois, ma pensée tout à coup s’envolait vers l’ermitage, et je revoyais l’humble autel, la rustique cérémonie, les gâteaux de miel roux, les fromages pressés entre des feuilles odorantes, et le sourire de l’ermite pontifiant dans les rayons du soir.

Cette impression, instinctive d’abord, se changea plus tard en certitude, et je finis par me convaincre logiquement que la chapelle de San-Pansi était bien le refuge agreste à l’abri duquel le pauvre dieu spolié avait pu, parmi les rocs et les bois, traverser, sans être inquiété, les durs siècles du moyen âge.

Un jour même, déjeunant avec des curés, chez l’ermite (j’étais alors frais émoulu de l’université et tout fier de ma jeune science), j’engageai à ce propos avec le vieux desservant de Bevons une intéressante discussion pagano-archéologique :

— Ainsi donc, monsieur le curé, vous ne savez rien de votre saint, si ce n’est qu’il s’appelle Pansi et qu’il guérit de la colique ?

— D’abord, mon saint est un saint local, répondit le brave homme en se versant à boire ; on ne le trouve,