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LA MORT DE PAN.


grognait-il, entendant chanter. Puis, sa moustache essuyée d’un revers de main :

« Pichoun aganto la campano. »

Et le voilà parti à travers la pente, barbe au vent, soutane retroussée, tandis que le pauvre clerson essoufflé, perdu dans les buis d’où sa tête à peine sortait, le suivait de loin en remuant sa grande cloche.

— « Que te n’embarre de bestiari ! » disait l’ermite, en revenant s’asseoir pour boire, jusqu’à ce qu’une autre procession arrivât.

Mais toutes les processions rentrées, la messe une fois dite, et le curé descendu au village :

— « Ici, les enfants ! » criait l’ermite.

Et, debout devant le vieil autel, avec je ne sais quoi de religieux dans son œil cynique, il inaugurait gravement une étrange et païenne cérémonie.

Ne dites pas que ceci est faux, ne le dites pas, car je l’ai vu ! J’ai vu les gens, enfants et filles, tomber sur le roc à genoux, tandis que le soleil rougissait d’un reflet dernier les pierres de l’autel et la face sereine de l’ermite. Je me suis prosterné comme eux, comme eux j’ai offert le miel et le fromage, et comme eux — ne riez pas trop ! — j’ai frotté mon ventre au grès sacré qui rendait les filles fécondes et les garçons vigoureux.