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LA GUEUSE PARFUMÉE.

et l’on entendit de tous côtés des plaintes et des gémissements comme d’un grand nombre de personnes affligées et surprises. »

Eh bien, non ! malgré Thamus et Plutarque, et malgré cette belle histoire qui, au dire de Rabelais, tirait des œilz de Pantagruel, larmes grosses comme œufz d’austruche, non, le grand Pan n’était pas mort. J’en sais quelque chose — moi qui vous parle — ayant eu cette joie, en pleine Provence catholique et dix-huit siècles après Tibère Cæsar, d’offrir au dieu un sacrifice sur son autel rustique et toujours vénéré.

Je me hâte d’ajouter qu’à l’exemple de la Minerve des Païens innocents, se cachant en robe de bienheureuse sous les oliviers du Minervois, mon pauvre chèvre-pieds, quand je le découvris, dissimulait ses cornes sous une auréole, et en était réduit à l’humble état de saint de campagne.

Le singulier saint que Saint Pansi, et quel joyeux pèlerinage !

Pour arriver à sa chapelle, on montait au soleil, des heures et des heures, par un sentier tracé des chèvres et que chaque orage effaçait. Aussi parfois le perdions-nous, ce chemin sacré, dans les galets des torrents à sec et parmi les pierrailles des pentes. Alors le cortège s’arrêtait ; les garçons embrassaient