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LA GUEUSE PARFUMÉE.

quand ! se poser par-dessus les arcs entre les deux premières ; la rue alors passait dessous. C’étaient là les couverts, abri précieux pour polissonner les jours de pluie !

Nous descendions de temps en temps dans le quartier bas, aussi gai que le Rocher était sombre, avec ses rues bordées de jardinets et de petites maisons à un étage ; mais nous préférions l’autre comme plus mystérieux. On était là les maîtres toute la journée, tant que nos pères restaient aux champs, jusqu’au moment où, le soir venu, la ville s’emplissait de monde, de femmes aux fenêtres, d’hommes qui quittaient leurs outils sur l’escalier, de gens qui dînaient assis dans la litière au milieu de la rue, pour profiter d’un reste de crépuscule, et de vieux attardés poussant leur âne : Arri ! arri ! bourriquet !

Ai-je assez couru dans les rues désertes ! ai-je assez jeté de pierres contre la maison commune, où se balançaient, scellés au mur, les mesures et les poids confisqués jadis aux faux vendeurs ! Quelle joie si on en ébranlait quelques-uns, car alors mesures et poids, se heurtant à grand bruit les jours de mistral, semaient sur la tête des passants, chose positivement comique, des plateaux rouilles et des poires en fer.

Ai-je, au péril de ma vie, déniché assez de pigeons dans les trous des tours, et dans les remparts tout dorés au printemps de violiers en fleur qui sentaient le miel ! Pauvres vieux remparts, pauvres vieilles