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LA GUEUSE PARFUMÉE.


les livres de Diderot, d’Helvétius, de Lamettrie, Dupuis et l’Origine des Cultes ; il y avait, le dirai-je ? le Compère Mathieu lui-même à côté des Ruines de Volney ; et, sur la haute corniche, comme les génies du lieu, un Voltaire et un Rousseau en plâtre. M. Sube remuait tous ces objets d’une main désormais tremblante et, voyant s’enlever la fine poussière amassée sur le nerf des reliures et la tranche rouge des livres, M. Sube, par je ne sais quel pressentiment, se sentait le cœur étreint d’angoisses inexprimables. Un remords s’éveillait en lui, remords étrange d’un crime qu’il ne se rappelait pas avoir commis.

Tout à coup, d’entre les feuilles d’un Zadig qu’il époussetait, un papier glisse, et M. Sube ayant déplié ce papier tombe d’un bloc dans son fauteuil, effaré, la lèvre pendante, devinant plus qu’il ne lisait, s’essuyant de la main gauche ses yeux pleins de larmes, tandis que dans sa droite le vieil acte couvert d’une ferme écriture et liseré de jaune sur les bords s’agitait avec le frémissement d’ailes et le doux bruit que font les papillons de vers à soie quand ils grainent.