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VIII

estève se console

« … C’est la vérité, mon cher ami. Je voulais, quand j’ouvris la porte, brusquer l’abbé, tout dire à mon père. Mais si vous l’aviez vu ? Il était comme un enfant devant moi, pâle et tremblant quoiqu’il essayât de sourire. Alors, je n’eus plus qu’envie de pleurer. Il me demandait si j’acceptais M. Anténor pour mari, si je n’aimais personne. Je lui répondis que je n’aimais personne et que j’épouserais M. Anténor. Ne m’en veuillez pas de vous avoir évité, le lendemain, quand vous êtes venu au château ; mais mon père était là, dans la petite allée de groseillers, et je craignais de ne pas être maîtresse de mes larmes. D’ailleurs, à présent, que nous dire ? Oubliez-moi, Estève ; depuis deux jours j’essaie de vous oublier.

» jeanne. »

— Eh bien ! qu’y a-t-il ? interrompit le père Antiq, à qui, le soir, furtivement, tandis qu’il passait devant Entrays, mademoiselle Jeanne avait remis cette lettre.

— Il y a que c’est fini ! dit Estève.

Le père Antiq ne comprenait rien à tant de résignation. Doublement furieux du contre-temps : pour son