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IV

le roman d’estève

Estève, neveu du vieil Antiq et, dès l’enfance, orphelin de père et de mère, était peintre, quoique né de paysans. Sa vocation se déclara dès le collège : chez nous, les gens des bas quartiers, pour peu qu’ils soient aisés, envoient volontiers leurs enfants apprendre un an ou deux, sans but déterminé, quelques bribes de latin combinées avec quelques notions d’arpentage.

Sorti du collège, un dessin d’Estève, représentant je ne sais quel pauvre diable mendiant et fou, du nom de l’Amitié, avait mis tout Canteperdrix en rumeur. Le capitaine du génie, charmé, voulut employer le jeune artiste dans ses bureaux de la citadelle. Puis, s’étant pris d’affection pour lui, il décida le père Antiq. Le père Antiq déroula la grande bourse en toile, et le neveu partit étudier la peinture aux écoles d’Aix.

Logé chez un cousin aubergiste à la Bourgade, Estève ne coûtait pas davantage que s’il eût été ap-