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II

balandran rencontre un vieux qui lave ses guêtres

Sur le chemin qui coupe en biais la tranche quasi perpendiculaire du plateau d’Entrays, à mi-hauteur, dans un fouillis de buis et de chêneaux, une grande source sort des roches. Un âne buvait à cette source, et un vieux paysan sec et tanné, que le temps avait fait couleur de terre, y lavait ses guêtres soigneusement.

— C’était donc vous, père Antiq ?

— Ah ! te voilà, Balandran, gros propriétaire ! fit le vieux avec l’accent railleur, mais railleur sans malice, qui est la façon de parler ordinaire aux vrais paysans provençaux. Et que te disait le curé ? Sans doute M. Blasy est prêt à vendre, et tu retenais le château.

— Père Antiq, père Antiq, ne vous moquez pas du pauvre monde !

— De toi, Balandran ? J’aurais tort, tu es un brave homme, reprit le père Antiq en tordant ses guêtres,