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LA GUEUSE PARFUMÉE.

— C’est bien ici, ma foi !… Ah ! Jean-des-Figues, quelle aventure !… Je comprends maintenant que Balthazar m’ait amené tout droit… il venait en pèlerinage… Oui, c’est ici, je me reconnais, c’est bien ici que nous l’enterrâmes.

— Et qui, qui enterrâtes-vous ? m’écriai-je, sentant toute ma folie me reprendre.

— Qui ?… attends un peu, laisse-moi le temps de rire… Eh ! parbleu, l’ami, l’inséparable de Balthazar, ils se ressemblaient comme deux vieux pauvres ! un petit âne gris pas plus haut que ça…

— Blanquet ?

— Précisément. Tiens, tu sais son nom ? Figure-toi, Jean-des-Figues, que lorsque nous nous en allions par les chemins de traverse, le lendemain de ta visite à la caravane, Blanquet arrivé ici devant, ne voulut plus avancer. Janan s’étant mis dans une affreuse colère, l’éventra d’un coup de pied, et nous l’enterrâmes sur place pour obéir aux règlements de police.

— Brave !… brave Blanquet ! fis-je en essuyant une larme, tandis que Balthazar me regardait d’un air ému ; brave Blanquet, enterré là ! Mais Roset se reprenant à rire :

— Préférerais-tu que ce fût moi ?

— Oh ! non, Roset, car maintenant je sais que je t’aime.

— Enfin ! s’écria-t-elle en mordant à même une