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JEAN-DES-FIGUES.

— Quoi ! tu n’es pas marié, Jean-des-Figues ?

— Et vous connaissiez donc, Roset, le chemin de a Cigalière ?

— Non, Jean-des-Figues, j’allais te chercher à Canteperdrix ; mais pris de je ne sais quel caprice, Balthazar a quitté la grand’route, courant à travers champs, et m’a amenée de force jusqu’ici où il s’est mis à ruer au soleil, comme tu vois, sans plus bouger de place.

— O Providence ! m’écriai-je.

Roset me supplia d’abréger mes exclamations. Le cher fantôme avait grand’faim, chose positivement excusable, car j’appris que depuis trois jours, à peine rétablie, elle courait le pays sur un âne volé, fuyant son mari bohémien.

Nous avions du pain, l’eau de la source et des figues mûres à point.

Roset trouva tout excellent. Je lui dis alors mes folies, l’idée que je m’étais faite de sa mort, et la joie que j’avais de la voir d’un si bel appétit manger des figues sur sa propre tombe.

Cette idée l’égaya beaucoup :

— Mais ton substitut est aussi fou que toi !… Croit-il donc qu’il n’y ait plus de gendarmes ?… Enterrée là !… C’était bon peut-être du temps du roi René…

Puis, regardant autour d’elle avec attention et prise subitement d’un fou rire :