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JEAN-DES-FIGUES.


qu’il put, et les préparatifs du mariage recommencèrent de plus belle. Je n’eus pas même le courage de rompre, j’étais entièrement incapable de volonté.

Une idée fixe me tenait : si Roset était morte !

Mon père s’effrayait de me voir toujours, disait-il, dans la lune. Ce mystérieux voyage avec un inconnu, la tristesse que j’en avais rapportée, tristesse inexplicable au moment d’épouser celle que j’aimais, tout en ma conduite paraissait au pauvre homme incontestables symptômes de folie ; il se rappelait avec désespoir l’accident survenu à mon enfance par la faute de Blanquet, et plus d’une fois les larmes me vinrent aux yeux de le voir, d’un air accablé, secouer la tête en me regardant.

Un jour, à la Cigalière, je m’aperçus que la terre paraissait remuée de frais autour du figuier. Pourtant la saison ne valait rien pour fouir. Je m’informai :

— Ce sont des bohémiens, me répondit mon père, qui ont enterré quelque chose là, un matin… Le tronc du figuier m’empêchait de bien voir… et puis ces gaillards-là, petit, il ne fait pas bon se mêler de leurs affaires…

— Et qu’ont-ils enterré ?…

— Est-ce qu’on sait ? fit-il en arrachant un bourgeon gourmand.

Est-ce qu’on sait… Ces cinq mots d’abord ne me frappèrent point. Mais bientôt, autour de la petite phrase jetée, une série d’imaginations folles naqui-