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LA GUEUSE PARFUMÉE.

Et, attribuant mon silence à la timidité, il me poussait aux aveux, paternellement.

En vain j’essayai de protester.

— A qui ferez-vous accroire, monsieur Jean-des-Figues, que vous avez endossé l’habit et coiffé le tuyau de poêle dans l’unique dessein de faire peur à nos moineaux ?

C’était invraisemblable, en effet, il me fallait bien le reconnaître.

Je fis donc ma demande, de désespoir, pour m’en aller. Sur-le-champ, la main de Reine me fut accordée.

— Grand merci ! m’écriai-je une fois dehors et mes idées un peu rafraîchies, ça ne peut pas pourtant se passer comme ça !… M. Cabridens est allé trop loin… J’avais envie de me dédire.

Il n’était plus temps.

Grâce à ces messieurs du quatuor, le bruit de mon bonheur avait déjà couru tout Canteperdrix ; mes bons parents en pleuraient de joie ; les libéraux approuvaient M. Cabridens ; les vieux partis, sur la place du Cimetière Vieux, levaient en l’air, d’indignation, leurs cannes à bec de corbin, et les gens bien informés se racontaient dans l’oreille que la comédienne du Bras-d’Or était tout simplement ma maîtresse, venue de Paris exprès pour rompre le mariage, mais qu’elle était immédiatement repartie, en le voyant conclu malgré ses efforts.