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LA GUEUSE PARFUMÉE.


confondre, et qu’on aime tous les membres de la dynastie comme s’il n’y avait eu au monde et rue des Couffes, depuis le commencement du siècle, qu’un seul et unique Blanquet.

Puis ceci réglé, je continue.

Nous entrâmes chez M. Cabridens, en revenant de la Cigalière. M. Cabridens me reçut avec l’affectueuse familiarité d’un confrère ; madame Cabridens joua la femme d’esprit enfouie au fin fond de cette horrible province, et qui trouve enfin quelqu’un à qui parler ; quant à mademoiselle Reine, elle se contenta de rougir un peu sans rien dire.

Je retrouvais tout comme je l’avais laissé. Sur les murs du salon, c’était le même papier peint avec le même jardin ridicule et plein de chaises, où se promènent des incroyables en habit jaune et des merveilleuses à sandales, costumées comme madame Tallien. Le piano n’était point changé, les fauteuils à lyre gardaient leur place ; j’aurais reconnu jusqu’aux mêmes grains de poussière, si un grain de poussière n’avait pas été chose introuvable dans le salon de madame Cabridens.

Seulement, au bel endroit de la cheminée, la fameuse médaille cantoperdienne brillait prisonnière entre deux lentilles de cristal, et visible du revers et de la face comme une hostie dans l’ostensoir. Je remarquai aussi que madame Cabridens avait pour robe d’intérieur certaine étoffe de soie brochée et ramagée