Page:Arène - La gueuse parfumée - récits provençaux, 1907.djvu/153

Cette page n’a pas encore été corrigée
143
JEAN-DES-FIGUES.


de rire. Elle avait voulu, pour mieux courir, quitter ses bottines à haut talon et ses jupons à créneaux. J’eus le bon goût de l’en dissuader. Laissons dire les faux rustiques. La nature est bien assez luxueuse pour que tout luxe soit en harmonie avec elle. Une marche de marbre rose l’ait à merveille envahie par la mousse et cachée à demi sous les rosiers d’un parc devenus buissons, et la robe de Diane de Poitiers, ourlée d’or et de perles fines, ne devait pas vraiment avoir mauvaise grâce à tramer sur le gazon des pelouses dans les forêts royales de Chambord ou de Chenonceaux.

Mais c’est Roset qu’il fallait voir étendue paresseusement sous son ombrelle au milieu des herbes du bon Dieu, avec sa robe de soie voyante, ses pompons, ses rubans flottants et ses dentelles, et ses gants étroit boutonnés, et ses délicates chairs parisiennes d’où s’exhalait un fin parfum de boudoir qui devait bien étonner les fleurs.

Roset n’aurait plus quitté les bois dont les belles futaies humides l’étonnaient en la ravissant autant qu’une forêt vierge et ses lianes. Roset ne connaissait, comme moi, que les belles aridités du midi provençal, ses côtes plantées d’oliviers couleur d’argent et d’amandiers au feuillage pâle, ses rochers couverts de lavande et ses ravines brûlées du soleil, sans un brin d’herbe, où coule sur la marne bleue un mince filet d’eau claire.