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LA GUEUSE PARFUMÉE.


l’esprit et les yeux, dans un petit théâtre où se jouait la féerie-revue des Grains-de-Poivre.

Tous les grains-de-poivre étaient en scène, maillots collants et chignons fous. Tiens-toi bien, Jean-des-Figues, on dirait que le plus mignon, celui de gauche, te fait signe. Tire ton col, relève tes cheveux. Palsambleu ! Roset au bout de ma lorgnette…

Le dernier tableau de la féerie finissant, je me posai en amoureux à la porte des artistes, et Roset aussitôt m’arrivait encapuchonnée, sans avoir pris le temps d’agrafer son burnous.

Ce n’était plus la Roset d’il y a trois mois, presque maigre et gardant encore sur la joue les chaudes couleurs du soleil, mais une Roset affinée, parisianisée, un peu grasse, sentant bon la poudre de riz, et qui se laissait deviner fraîche sous son rouge, comme les marquises poudrées paraissaient jeunes, malgré leurs tours de faux cheveux blancs ; une Roset parfumée et peinte, toute en cheveux, toute en dentelle, et plus appétissante que jamais. Je la retrouvais, ma belle pèche brune ! mais mise en confiture cette fois avec force épices et tranches de cédrat, confiture ambrée, musquée et sucrée, qu’il ne faut goûter que dans une cuiller de vermeil et sur la plus fine porcelaine.

Je m’aperçus avec quelque satisfaction que, ce soir-là, je n’avais pas à craindre pour elle l’injure de la faïence ou du ruolz, quand je vis une voiture nous attendant, avec un poney qui piaffait, sa rose à