Page:Arène - La gueuse parfumée - récits provençaux, 1907.djvu/143

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
133
JEAN-DES-FIGUES.


du luxe, ainsi qu’un camélia délicat dans la laque et l’or d’une jardinière de salon ; et pour toi précisément la porte du salon est fermée ! De quoi sert donc la poésie si ce n’est à rendre plus douloureuse ta misère, en t’apprenant à désirer ce que tu ne saurais tenir !

Ces réflexions et d’autres semblables me conduisirent promptement à une sorte de misanthropie. Pendant plusieurs mois, j’évitai soigneusement tout ce qui pouvait me rappeler des idées de richesse ou de plaisir. Le théâtre m’irritait ; la musique surtout, avec ses chants, ses douces langueurs et ses accès de joie bruyante, m’était devenue particulièrement insupportable. Je vivais enfermé chez moi, raturant furieusement les dernières pages de mon étude, et tenté bien souvent de jeter au feu ce que j’en avais déjà écrit, tant le métier me paraissait métier de dupe.

Cependant, ce n’était rien encore que cela, et le destin, avec Roset, me réservait une bien autre humiliation.