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XIX

fin de l’histoire de roset

— Vous vous épousâtes donc ?

— Et pas sans peine, reprit-elle. Le beau Janan, tout noir qu’il me parût, était l’espoir de la famille ; on avait flairé pour lui chez les Soubeyran un mariage de convenance, et notre amour imprévu venait déranger bien des projets.

Quoique bohémiens de père en fils, les Soubeyran sont riches ; ils possèdent, dans leur village de Vinon, une belle maison en pierre froide ; ils logent à l’auberge quand ils voyagent, et mènent parfois dans les foires des cordes de quinze à vingt chevaux. Mon père espérait d’eux une forte dot, et parlait déjà de nous vêtir tous de neuf, et de faire revernir la caravane.

Aussi, aux premiers mots que dit Janan de ses projets, ce fut un vacarme :

— Et la Soubeyrane, malheureux ! Mais Janan déclara que je lui plaisais, moi, et que la Soubeyrane ne lui plaisait point avec ses cheveux roux et ses façons de demoiselle ; que si l’autre avait des écus, nous