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JEAN-DES-FIGUES.

Roset était donc partie pour me retrouver, à la garde de Dieu, sur la route de Marseille.

— Sur la route de Marseille, Roset ? Et pourquoi choisir cette route ?

— Parce que chez nous on va toujours à Marseille quand on part. Est-ce que je savais seulement la place de votre Paris ?

Puis au bout de deux ou trois lieues, et ses souliers déjà presque usés, Roset avait rencontré une caravane de bohémiens qui descendaient en Provence, et se rappelant à propos qu’elle était bohémienne aussi, l’idée lui était venue de demander à ces braves gens place dans leur maison roulante.

Mais n’essayons pas de rendre vraisemblable le fantastique récit de Roset, rapportons le plutôt simplement tel qu’elle nous le fit ; si peu vraisemblable que vous le trouviez, il aura, du moins, cet avantage de ne pas commencer par où commencent toutes les histoires de demoiselles : « Comme vous me voyez, monsieur, je suis fille d’un officier supérieur… »

— Les bohémiens, disait Roset, ne sont pas aussi diables qu’ils sont noirs ; ceux-là m’accueillirent à merveille. Je n’eus qu’à me présenter : ils se serrent pour moi, et nous voilà partis. Entassés, comme nous étions, sous cette toile, avec le train que menait en roulant la vieille voiture détraquée, il n’y avait guère moyen de causer. Mais aux moindres côtes, on mettait pied à terre ; alors, comme par enchantement,