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JEAN-DES-FIGUES

j’ai essayé de leur donner des vers, mon Jupiter peignant les comètes, dans la grande manière aichaïque et grecque… refusé comme le reste ! La fin était bien, cependant ; et ce malheureux Nivoulas me récitait la fin :

. . . . . . . . . . . . . . .

Des étoiles restaient entre les dents du peigne !
Sur son trône taillé dans un clair diamant.
Ayant la Kêr à droite, à gauche ayant la Moire,
Zeus tout au fond des cieux souriait gravement,
Et son ongle écrasait les astres sur l’ivoire.

Un jour, moins triste qu’à l’ordinaire, Nivoulas me confia que, résolu de frapper un grand coup, il voulait, le soir même, lire son fameux premier chapitre à tout le cénacle assemblé.

— Promettez-moi d’y venir, mon cher Jean-des-Figues. Puis plus bas, souriant, et sa pâle figure éclairée d’un vif rayon de joie : — Je vous montrerai ma maîtresse, fit-il en me serrant la main.

Une maîtresse à Nivoulas ! à Nicolas Nivoulas ! ! Je n’eus garde, vous pensez bien, de manquer au rendez-vous. Quand j’arrivai, nos fenêtres joyeusement éclairées jetaient un bruit d’éclats de rire et de musique dans la rue teinte en rouge par le reflet des rideaux. Nivoulas, en m’attendant, fumait un cigare sur la porte.

— Serai-je à temps pour la lecture ?

— Oh ! oui, me répondit-il, on n’a pas encore