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JEAN-DES-FIGUES


tresse, mes amis me prêtèrent bientôt je ne sais quels vices obscurs auxquels ils faisaient parfois allusion, et moi je les laissais dire sans bien comprendre, car tous ces soupçons et ce mystère flattaient singulièrement ma vanité.

J’étais devenu l’homme important de notre petit monde ; aussi ne m’étonnai-je pas, un matin, une voiture s’étant arrêtée à ma porte, de voir entrer la maîtresse de Bargiban en ses atours, et derrière elle un jeune homme pâle et long comme une laitue montée en graine. C’est quelque cousin de province, pensai-je, que Bargiban a chargé Lucile de promener.

— Monsieur Jean-des-Figues, dit Lucile.

Le visiteur s’inclina.

— Monsieur Nicolas Nivoulas, reprit l’introductrice en ayant soin de prononcer Nicolasse Nivoulâ, histoire de rire.

— Nicolâ Nivoulasse, rectifia le cousin d’une voix timide. Puis, m’adressant un pâle sourire de la couleur de sa barbe qu’il avait jaune :

— Cher maître… dit-il. Mais Lucile l’interrompit :

— Et parlez donc, monsieur le capitaliste. Jean-des-Figues, voici : il s’agit de fonder une revue, le titre est trouvé : la Revue barbare, organe de la nouvelle poésie. Rédacteur en chef, Nicolas Nivoulas ; administrateur, Bargiban. On vient vous proposer le fauteuil de secrétaire de la rédaction. Ça va-t-il ? Moi, je suis caissier.