dans le bizarre, et nous effrayaient, nous autres novices, en racontant comment un poëte doit s’y prendre pour amener son épiderme et ses nerfs à un état d’exaspération régulier, par l’abus quotidien du cannabis indica, de l’opium et du vin d’Espagne.
Ce n’est pas qu’on ne sût encore à l’occasion se désespérer en belles strophes, comme ceux de 1830. Seulement nous ne pleurions plus aux étoiles. Les rêves d’Olympio avaient pris corps, ses vagues aspirations étaient devenues, dans nos vers, de très-exactes convoitises, et si parfois une larme y tremblait, cette larme qui fait si bien au bout d’un rime ! c’était la larme de Caligula, un autre rêveur :
— « Que l’univers n’est-il une pomme, on le croquerait d’un coup de dent ! »
Une littérature orgiaque à ce point paraîtra peut-être ridicule chez de braves garçons qui, pour la plupart, vivaient fort modestement de leçons ou de petits emplois. Mais que voulez-vous, il faut que jeunesse s’occupe, et nous n’avions ni frontières à défendre, ni bustes classiques à briser.
Pourquoi d’ailleurs cette curiosité de jouissances qui, violente ou maladive, tourmente l’homme aujourd’hui, n’aurait-elle pas droit à l’expression comme tant d’obscures et chimériques mélancolies ? Qui sait, peut-être n’a-t-il manqué qu’un peu de génie à l’un de nous pour créer une Muse nouvelle que Bargiban aurait dessinée, non plus avec des ailes