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LE DERNIER SECRET DE NORETTE

riétés que M. Honnorat comptait voir pousser et mûrir dans ses domaines du Puget-Maure.

Un des paquets, celui du Grec à grains doubles, me parut de parchemin, et quelle ne fut pas, en l’ouvrant, ma surprise, de reconnaître, avec sa couleur jaune et ses lettres pâlies, un feuillet du livre de raison.

D’où venait-il et qui l’avait lacéré, ce livre de raison, avant l’hécatombe pieusement sacrilège opérée par l’abbé Sèbe, à la demande de Mme Honnorat Gazan ? Quelque main ignorante, celle de Saladine ? Peut-être aussi le feuillet était-il celui que Mme Honnorat voulut garder, et, mourante, fit arracher par Norette.

En tout cas, voici ce que disait la feuille par miracle échappée :

…Et comme, sans compter les sanglantes inimitiés fomentées entre parents et frères, cette Cabre d’Or ne se plaisait qu’en lieux périlleux, balmes sauvages ou précipices, quiconque eût tenté, la suivant, conquérir le trésor sarrasin des rois de Majorque, s’exposait à de sûres morts. Aussi, pendant mille ans et plus, aucune fille, soit des Galfar, soit des Gazan, soit de tel autre cou-