Page:Arène - La Chèvre d’or.djvu/272

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
260
LA CHÈVRE D’OR

Ces paroles, longtemps oubliées, me revinrent un jour en mémoire. Février finissait, des fleurs naissaient sur les collines, et des brins de gazon luisaient parmi les rocs, annonçant le printemps si bref et si enivrant de Provence.

Tandis que Norette, mère avec emphase, promenait au jardin l’Héritier : « Allons voir, me dis-je, où en sont les semis du grand-père. »

Les semis n’avaient pas bougé ; peut-être fallait-il, afin de leur donner un peu d’air, gratter légèrement le sol de la pépinière ?

Je pénétrai donc, pour la première fois, sous une voûte basse, creusée dans les fondements de ma tour et défendue par un vitrage, sorte de cave à prétention de serre, où M. Honnorat remisait ses outils.

Des limaces s’y promenaient, et les murs exhalaient cette odeur de terreau humide et de moisi que connaissent bien les amateurs d’horticulture.

Je ne voulais que prendre la binette, une curiosité ironiquement émue m’arrêta.

Le long du mur, sur des étagères, des paquets s’alignaient avec leurs étiquettes : ClairetMuscatGrec à grains doubles, toutes les va-