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LA CHÈVRE D’OR

Église blanche et froide, sans tableaux aux murs, ni boiseries, nue comme une mosquée de village arabe. Deux rangées de bancs qu’un vide sépare. Et, de chaque côté, échangeant, malgré la sainteté du lieu, des regards farouches, les deux familles avec ceux qui tiennent pour elles. Car, si Galfar a ses partisans, M. Honnorat aussi a les siens. Moi je suis l’ennemi de tous. La Chèvre d’Or a réveillé les haines ; à cause de la Chèvre d’Or, les partisans de M. Honnorat ne m’en veulent pas moins que ceux de Galfar.

Galfar, avec son père, Christophe Galfar, vieux paysan à figure de gentilhomme, et sa mère, jadis Madame, aujourd’hui simplement la Christole, grande femme maigre, révoltée et fière, occupent le premier rang à droite.

Nous occupons parallèlement, les Gazan et moi, le premier banc de gauche ; Galfar, me voyant paraître sain et sauf, s’étonne et dissimule mal une grimace de désappointement.

Je souris, songeant à la pierre ; Mlle Norette, également, ne peut s’empêcher de sourire.

Le vieux Peu-Parle, lui-même, est là, en costume de cérémonie, portant tricorne, culot-