Page:Arène - La Chèvre d’or.djvu/132

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Tout en songeant ainsi, je redescendais machinalement la montagne, mais du côté opposé à celui par lequel j’étais venu.

Un étroit sentier, visible à peine, serpente là, au milieu des blocs moussus et des verdures. Car, autant le versant méridional, brûlé du soleil, est aride, autant le versant nord, presque toujours dans l’ombre et perpétuellement humecté par un suintement d’eaux souterraines venues, sans doute, du même mystérieux réservoir qui alimente la source du roc de la Chèvre, offre d’agréable fraîcheur.

Nos montagnes ont de ces contrastes ; et, dans certains coins privilégiés, souvent le printemps se continue, tandis qu’à quelques pas les feuillages et les herbes sèchent aux flammes de l’été.

Des fleurs croissaient en cet endroit, des fleurs alpestres, délicates, d’espèces inconnues. J’en cueillis et finis par faire un bouquet que j’encadrai, pour mieux le garantir, d’une collerette de fougères et de capillaires. Cette précaution me permit de l’apporter intact au village.

M. Honnorat, que je rencontrai se promenant seul sur la place, l’admira fort à cause de sa ra-