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FRIQUETTES ET FRIQUETS

ennemies ; eux, les saules-marseaux, vêtus de pierreries, s’enveloppaient, dans la lumière et les rayons, d’une gloire de jeunes pousses.

Et comme, banlieusard expert, je m’étai prudemment muni d’un solide couteau et d’un bout de ficelle, en moins de dix minute je me trouvai possesseur — légitime, j’aime à le croire, aucun garde n’ayant paru, — d’un trésor qu’on eût dit volé non pas au domaine de Pan mais à l’étalage d’un joaillier.

Le saule-marseau est trop peu connu.

Si notre ignorance pouvait rendre justice à ses mérites, non seulement mon modeste troisième étage, mais encore les salon des duchesses et les boudoirs des courtisanes n’auraient, en ce moment d’autres décorations que la vivante orfèvrerie du saule-marseau dédaigné.

Rien d’aimable à l’œil et de suggestivement printanier comme ces grappes de « chatons » soyeux — bourgeons qui seraient aussi des fleurs — ressemblant, les uns, houpettes de fine peluche argentée, à des perles de nacre et d’opale, les autres, poudrés de pollen, à de lourdes olives d’or.