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LE SAULE-MARSEAU

qui, lui, bourgeonne toujours à son heure, content peut-être d’accaparer ainsi avant tous le premier baiser des abeilles tôt réveillées.

Quoiqu’il y eût, çà et là, quelques vagues indices de printemps, que la feuille trilobe du fraisier s’étalât, défripée à peine, dans l’émail de l’herbe nouvelle, et que la mousse reverdie brillât au revers des fossés ; bien que des gamins rencontrés au bord d’une mare m’eussent permis de contempler, prisonniers dans un bocal, des têtards déjà munis de pattes et à qui ne manquait, pour être vraies grenouilles, que de perdre un restant de queue (car, soit dit entre parenthèse, en dépit du commun proverbe, les grenouilles ont une queue du temps de leur prime jeunesse), je comptai peu sur les ajoncs. La dure écorce de l’ajonc, son bois serré, cassant et sec, ne s’attendrit pas aux premières brises.

Donc, je comptais peu sur les ajoncs, mais je comptais sur le saule-marseau. Ma confiance ne fut pas trompée.

Les ajoncs, sans feuilles ni fleur, demeuraient hérissés en boule, avec des allures