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L’HOMME AUX BARDANES

L’homme aux bardanes s’était tu.

— Allons, mon brave, une dernière tournée ! Il y a dans la vie des hauts et des bas, pluie qui mouille et soleil qui sèche. Soyez sûr qu’un jour ou l’autre cette heureuse vogue des crapauds et des mandragores reviendra.

— J’en accepte l’augure, la sottise étant immortelle… Cependant, voici qu’il se fait tard, et mes bardanes ne se vendent point… Mesdames, messieurs, qui veut des bardanes, des bardanes mâles ?

Et, comme personne ne répondait, j’achetai en bloc toutes les bardanes, sans daigner prêter attention aux regards compatissants et narquois des jeunes peintres, non plus qu’aux rires des petites ouvrières m’observant à la dérobée, puis baissant le nez vers la nappe et pouffant dans leur « Trois-de-Café ».