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L’HOMME AUX BARDANES

Et tout le long du jour, tant que le beau temps dure, depuis Avril où le coucou chante, jusqu’à l’arrivée des premiers frimas, ma pipe garnie et mon pain gagné, je puis me croire millionnaire.

L’hiver, c’est plus dur ; seulement, l’hiver, je rentre à Paris, et trois mauvais mois passent vite.

— Pourtant, pour gagner votre vie ?

— En effet, vous ne savez pas ! Mais je la gagne, cette vie, largement, honorablement, sans avoir recours à l’aumône. Je présente, tel que vous me voyez, la surface d’une manière de négociant ; et je n’ai qu’une peur, moi qui ne payai jamais d’impôt, c’est que cette fois, même au fond des bois, l’impôt sur le revenu ne m’atteigne.

Mes transactions sont de deux sortes, et les marchandises que je livre varient suivant le temps et la saison.

Il en est que je débite moi-même directement. Exemple : aujourd’hui, ces bardanes. Il en est d’autres pour lesquelles j’ai mes traités avec les Sociétés savantes, les pisciculteurs, les oiseliers.

On n’imaginerait jamais ce que le Paris