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L’HOMME AUX BARDANES

après avoir fait remarquer leur incontestable fraîcheur, à exposer, non sans éloquence, les multiples vertus de sa marchandise qui, en effet, à son dire, guérissait tout et même savait redonner aux plus languissantes amours une énergie vraiment printanière.

Sur quoi les petites ouvrières rougirent, tandis que les peintres, en gaillards sûrs d’eux-mêmes, souriaient.

Le bonhomme me parut intéressant. Dans sa figure ravinée comme un vieux labour, des yeux ironiques et doux reluisaient comme une eau de source.

Je lui fis signe ; il approcha, ne se montrant pas insensible à l’offre d’un verre de marc, et me raconta son histoire.

C’était un amant de la nature. Après mille et un métiers infructueusement essayés, il avait fini par adopter celui, enfin à son goût, d’homme sauvage.

— Parfaitement ! monsieur, je vis dans les bois. Les bois me logent, me nourrissent.

Et, pacifique, le voilà en train d’expliquer comme quoi, bien connu des gardes qui volontiers ferment les yeux sur ses innocents bra-