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FRIQUETTES ET FRIQUETS

aubépin des haies ; un tilleul, végétal phénomène dont le tronc, d’abord lisse et droit, se renfle soudain à un mètre, ainsi qu’un vase monstrueux, d’où jaillissent en bouquet régulier une douzaine de maîtresses branches ; un catalpa étoilant le gazon du semis de ses fleurs violettes ; et le rocher au bord du lac enveloppé de chèvrefeuilles, et le filet d’au jaillissante qui, menant dans l’ombre son doux bruit, anime le frais paysage d’un murmure de source au fond des bois, d’une chanson de nymphe oubliée.

Parallèlement au planton, l’autre jour, je suivais donc ma rêverie, fort intéressé par les jeux bruyants des moineaux, la descente silencieuse des ramiers et les exercices des canards, les uns boitillant dans l’herbe qu’ils broutent, les autres devant leur cabane, se battant les flancs des deux ailes, comme font des deux bras les cochers parisiens quand le froid les gagne, et d’autres plus sages pourchassant sur le lac les femelles, ou plongeant, leur derrière pointu hors de l’eau, ce qui les fait ressembler, vision falote, à des pains de sucre qui flotteraient.