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LE MOINEAU BOSSU

n’y prenais garde, il y a longtemps, pour sûr, que Bosco serait mort de faim.

— Qui ça, Bosco ?

— Eh bien ! donc, le moineau bossu. Regardez-le, ce pauvre diable ! »

Parmi la bande des moineaux, en effet, j’aperçus un moineau infirme, le dos en voûte, ne se mouvant que d’une pièce. Son cou était ankylosé, sa tête était atrophiée, et son œil offrait ce mélange de résignation et de tristesse commun chez les êtres faibles et souvent battus.

— « Si, au moins, ils en laissaient un peu pour mon Bosco ?… Ah ! ben, ouiche : les brigands s’entendent pour l’assommer à coups de bec quand il approche. C’est à grand’peine, en les effrayant, en y mettant de la finesse, que j’arrive à lui faire attraper une malheureuse miette sur cent. »

La fillette avait dit vrai. Ma sensibilité s’indigna au spectacle de ces scènes cruelles.

Et, quand la bienfaitrice de Bosco fut partie, je me promis à son exemple d’émietter, pour mon compte particulier, le