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LE COCHON

Un jour, je m’étais égaré, seul avec ma mélancolie, au milieu d’une de ces fêtes moitié rustiques, moitié parisiennes qui mêlent la chanson des mirlitons aux soupirs du rossignol niché dans la haie, et font monter l’encens canaille des fritures sous les voûtes d’antiques charmilles taillées par les jardiniers du grand Roi.

Mais que m’importaient les phénomènes et les somnambules, les caleçons pailletés des alcides, des thorax olympiques des lutteurs ?

Que m’importaient ces jeux, que m’importaient ces joies ?

Que m’importaient ces chevaux de bois au tournoiement deux fois barbare de tentures criardes, de musique enragée, et ces roulettes chargées de tressautantes porcelaines devant lesquelles — ô fortune ! — les petits commis et les trottins passent par les mêmes alternatives d’espérance ou de désespoir qu’un joueur à Monte-Carlo devant l’immense table verte où roulent sans bruit les pièces d’or.


Mon âme allait ainsi se berçant à ces pensées aussi maussades que profondes, quand sou-