Page:Arène - Friquettes et friquets, 1897.djvu/322

Cette page a été validée par deux contributeurs.
308
FRIQUETTES ET FRIQUETS

gues désirs en choisissant une dame de mes pensées.

Seulement je la choisis en si haut lieu que ma timidité pouvait être tranquille ! Des sommets où la belle trônait dans les apothéoses de la vie de théâtre, son œil ne risquait guère de s’égarer, ne fût-ce qu’un instant, sur l’étudiant anonyme et chevelu qui rimait des sonnets à sa gloire.

Du reste et parallèlement mon cœur se forgeait des romans plus humbles.

Tout village aperçu en chemin de fer, fuyant sous les arbres, me semblait devoir abriter quelque idéale bien-aimée.

Et mes yeux souvent se mouillèrent à l’aspect d’une porte encadrée de lierre derrière laquelle était peut-être le bonheur.

Bref ! Je perdais un temps précieux en puérils enfantillages, lorsque le hasard — ce dernier des dieux resté sur terre, sans doute pour nous consoler du départ des autres — se mit en tête de me faire connaître les réalités de l’amour.