Page:Arène - Friquettes et friquets, 1897.djvu/309

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
295
L’OMNIBUS DE PLAISANCE

Ce quelque chose répondait :

— Il reste une place ? Allons, tant mieux !

Et le conducteur, cordial et bourru, affirmait :

— Oui, mon brave, il reste une place.

Alors, me penchant à mon tour, je distinguai, à ras de terre, un cul-de-jatte. Tête barbue, deux bras, un buste : le tout posé dans un plat de bois.

Avec une extraordinaire adresse et des passants l’aidant un peu, le cul-de-jatte accota l’avant de son plat au marchepied, se fit lui-même basculer et se trouva sur la plate-forme.

La place libre était située tout au fond. Je compris que loger ce cul-de-jatte dans l’intérieur serait sans doute une opération difficile. Le cul-de-jatte commençait à s’impatienter.

— Non ! me dis-je, sacrifions-nous.

Et j’entrai, abandonnant, entamé à peine, mon cigare que le cul-de-jatte ramassa.

Faire le bien est doux ! Tout le monde, parmi l’assistance réveillée de son demi-sommeil, parut d’accord pour approuver ma noble conduite.