Page:Arène - Friquettes et friquets, 1897.djvu/297

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
283
IDYLLES PARISIENNES

Je résolus donc d’accompagner le chien jusqu’au poste, jusqu’à la fourrière s’il le fallait. Là je parlerais, je mentirais au besoin, affirmant que le toutou est mien et me réclamant, pourquoi pas ? des hautes amitiés que tout journaliste possède ou croit posséder dans les sphères gouvernementales.

Les sergents de ville allaient toujours. Sur le parcours, des gens s’irritaient, cinquante gamins nous faisaient escorte. Tout à coup, devant une de ces boutiques de blanchisseuses qui avec leur étalage de minois rieurs, de seins à l’air et de camisoles troussées, mettent de loin en loin dans Paris la vision d’un paradis de Mahomet à l’usage des âmes simples, le pas des sergents de ville se ralentit et devint plus administratif.

Chacun sait que les blanchisseuses, si délicat que soit l’ouvrage confié à leurs soins, ne daignent jamais le regarder en poussant le fer, mais regardent toujours dans la rue. Aussi en voyant les sergents de ville, le chien et l’imposant cortège dont j’étais, l’atelier tout entier se précipita-t-il sur la porte. Le chien arc-bouté sur ses pattes et jappant désespé-