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IDYLLES PARISIENNES

content tout de même de rencontrer faisant sonner le pavé sous le dur talon de leur botte à l’heure inquiétante et louche où, dans les quartiers suburbains, l’invisible voyou siffle sa note pareille au cri de l’oiseau nocturne, deux sergents de ville, qui au fond n’avaient pas l’air mauvais diable, gravement, au bout d’une ficelle conduisaient le plus exigu des havanais, miniature de chien qui est, au bouledogue et au danois, ce que le colibri et l’oiseau-mouche sont à l’autruche.

Mon sang ne fit qu’un tour, car ce chien ressemblait à s’y méprendre à mon pauvre Joujou dont je vois encore le regard plus qu’humain quand, près de mourir, il reçut mes dernières caresses, regard chargé d’affection et de doux reproches, semblant dire au maître que, dans son âme de chien, il croyait investi de la toute-puissance : « Je souffre, pourquoi ne me guéris-tu pas ! »

Joujou, merveille d’intelligence, qui, ayant, à Saint-Cloud, un jour de grand vent reçu des marrons sur la tête, ne voulut plus jamais sous aucun prétexte entrer dans un bois ; Joujou qui, après une baignade imposée par sur-